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          « Ce qu'il y a de meilleur dans l'homme, c'est le chien ». Voilà bien un terrien sensé qui, un jour, déclama cette vérité! Au vue de cette idée, je me chuchote tout bas, que nous autres Absurdiens, ne sommes pas si lointains de votre terre...Mais revenons en au fait, voici bien une histoire de cabots qui nous guette aujourd'hui.

          Jamais civilisation n'avait eu tel amour pour la « race canidéenne ». Au fil des rues, déambulent nombre d'hommes et de femmes accompagnés de leur fidèle compagnon, fier et docile, magnifique et superbe, guettant là cette note impériale, la voix de leur maître...Pas une âme absurdienne ne demeure sans son loup mais, ne vous méprenez pas...Voilà bien une histoire de parade, d'apparence et d'allure que cet immense ballet.

          Voyez-vous, lorsqu'un absurdien se décide à acheter cet accessoire de mode qu'est le chien, il se rend dans un élevage chromosomique. De la taille à la couleur du pelage, de la teinte des yeux au caractère, du son de l'aboiement à la forme des dents, tout est prédéfinit. Ainsi, le futur propriétaire formule une liste exhaustive de toutes les caractéristiques dont il veut que son chien soit doté. Une fois la chose établie, l'éleveur scientifique se met en quête de la perfection désirée. D'éprouvettes en tubes à essaie, le chien se forme et prend vie dans l'œil aiguisé d'un microscope.

          Lorsque la bête s'éveille enfin, la voilà déjà adulte et éduquée, n'attendant plus qu'une laisse nonchalamment étreinte à son cou, par la main froide et sans chaleur d'un maître sans valeur.

          Cependant, son existence reste en sursit...un mois...une période d'essai...un propriétaire insatisfait? L'immonde clébard imparfait se verra oublié dans les vapeurs hurlantes d'un foyer rugissant, n'acceptant que la mort.

          Tous les chiens d'Absurdie sont ainsi crées et jetés, soumis au bon vouloir des hommes, à la courbe changeante de leur désirs bestiaux. Existe t-il encore, dans mon monde idéal, un véritable chien, qui ne doive sa vie qu'à la nature elle-même? A la minute reine où je vous entretiens, mes doigts caressent, s'entremêlent et s'enchaînent à la fourrure vibrante d'une chienne des rues. C'est comme ça qu'ils la nomment...bourrées d'imperfections, de défauts et de tares...née on ne sait où du fait de l'univers, loin des sombres désirs de l'homme devenu dieu. Pestiférée à vie, désignée, couronnée, dont personne ne veut...et pourtant, à mes yeux, ses ratures sont sa force et toute sa splendeur! Les autres peuvent médirent et cracher leur dégoût, mais jamais, allons donc, tous leurs chiens fabriqués ne poseront sur eux ce regard incroyable, fait d'amour sans faille, brillant de pureté, que je vois à cette heure dans le regard blessé de ma chienne des chaussées, dont le seul défaut fut d'être délaissée.


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          Ne me dites pas que jamais encore je ne vous ai parlé des routes d'Absurdie?! La vérité est là, au creux des tours et détours de ces chemins facétieux, se cache un mystère que personne, à ce jour, n'a su élucider...

          Voyez-vous, il existe un panneau, singulier et étrange, qui se dresse parfois à l'orée du béton. Il semble être bien bête, posé là, immobile et sans vie au milieu d'une ville, d'une campagne ou d'un rien, et pourtant...Une seule inscription pour toute indication: « Toutes directions ». Vous me croirez ou non, mais ce ridicule panneau, cette flèche insignifiante, vous mène, et ceci sans erreur, à chacun des endroits où votre désir vous entraine! Comment pensez-vous? Le mystère est bien-là! Comment ce panneau peut-il conduire partout, comment une route peut-elle desservir un territoire entier?

          Les théories les plus folles ont été émises à ce sujet...Un panneau peut-il avoir été doté d'une intelligence artificielle lui permettant de lire dans les pensées du conducteur? Son but est-il de nous perdre, l'espace d'un instant, pour mieux nous retrouver au prochain embranchement? Une route secrète existe t-elle, couvrant à elle seule, l'ensemble du royaume d'Absurdie? Personne ne le sait...

          Certains, apeurés par l'inconnu planant au-dessus du panneau, jamais ne prennent cette route indiquée. D'autres, ayant soif d'aventures, ne se détournent jamais de ce type de chemins, délaissant tous les autres. Beaucoup d'ailleurs, ne sont jamais revenus de ces périples énigmatiques, entretenant par leur absence, ce mythe impénétrable.

          Je ne sais si un jour, cette phrase incroyable sera démystifiée, mais pour l'heure en tout cas, et par crainte de l'ailleur, je préfère laisser aux héros du bitume l'exploration risquée du « Toutes directions ».  


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          De conversations en discussions, de papotages en bavardages, les absurdiens jamais ne cessent de s'épancher en paroles futiles. La moindre parcelle de leur vie, dite privée, devient matière à communication, à commentaires ou commérages.

          Pour satisfaire ce besoin outrancier à l'ultra-communication, le gouvernement d'Absurdie à décidé de créer un ministère dont la mission est d'organiser ce type de rapport sociaux. Ainsi, et sous l'impulsion du CSL, communication sans limite, des groupes de paroles ont été mis en place, permettant aux absurdiens de parler, critiquer, observer, révéler, dénoncer, avouer.

          Ainsi, et ceci dans chaque ville de notre beau royaume, se tient tous les soirs, une réunion rassemblant l'ensemble des habitants. Il est possible d'y apprendre des informations pour le moins palpitantes. En effet, sachez que Mr M s'est délecté d'un sublime gâteau à 16h54, à proximité d'Absurdie Ville. Ou que Mme Z a dansé, et s'est même déhanchée, de 18h24 à 19h16 sur une musique appelée RnB. Et n'oublions pas l'information capitale de la soirée, à savoir que Melle V s'est ennuyée toute la journée!

          Par conséquent, les absurdiens se révèlent être de vraies pipelettes. Cependant, si les discussions vont bon train dans ce type de réunions, personne ne trouve l'idée alléchante de se rencontrer en dehors de celles-ci. Au final, chacun informe l'autre de l'ensemble de ses faits et gestes, mais aucun liens d'amitié ne transperce ce flux continu de futilités. Les absurdiens sont en réalité bien seuls à l'heure d'écrire le discours qu'ils déclameront le soir, lors de ces sublimes réunions où l'autrui n'est qu'inconnu.

          Pire encore, ces informations dispersées aux quatre vents, se voient récupérées par l'état lui-même, qui est alors en mesure de ficher chacun des habitants d'Absurdie, en indiquant leurs habitudes, leurs gouts, leurs dégouts, leurs préférences et l'ensemble de leurs agissements.

          Ainsi, la communication est devenue, en Absurdie, vecteur de solitude et d'isolement, détournant le regard de chacun, des vrais problèmes à énoncer. De même, elle s'érige comme la pierre angulaire d'un monde où l'état se fait omniprésent, s'immisçant dans les moindres détails d'une vie quotidienne morne et sans saveur.

          Si le rire ne trouve aucun écho, si la voix jamais ne résonne chez cet autre, à quoi bon discuter de ses rêves secrets, de ses envies lointaines?


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          Je m'en viens aujourd'hui, vous parler d'un sujet, somme toute, universel: l'amour. Recherché par tous, nous pourrions nous épancher un long moment sur ce mot que chacun aimerait prononcer. Cependant, et pour l'heure, il me plaît d'avantage de vous entretenir de la rencontre qui devance ce sentiment. Voyez-vous, en Absurdie, il existe un code qui régule l'approche amoureuse. Dans celui-ci, se trouve l'ensemble des règles qui permettent à l'homme, et uniquement à ce dernier, de s'attirer les ardeurs d'une demoiselle.

          Tout d'abord, ce que l'on nomme « la parade ». L'absurdien ayant repéré la femme désirée, la convenance réside dans une approche audacieuse et déterminée, où le prétendant dessine une cercle autour de sa potentielle conquête, en entretenant un contact visuel continu et affirmé.

          S'en suit, la traditionnelle « manifestation orale ». Ici, le monsieur en question, se signifie aux yeux de sa prétendue dulcinée, en lui adressant quelques paroles des plus charmantes. Il existe, sur ce point, plusieurs variantes, qui sont laissées à l'appréciation du jeune homme. Ainsi, il se doit de faire un choix entre un « Tsssssss » susurré, ou un tonitruant « Hé mamzelle ».

          Une foi certain que sa présence ai été remarqué, le code indique qu'il est nécessaire de passer par une phase de « flatteries ». Ici encore, plusieurs phrases sont proposées au charmeur. Son choix doit alors se porter sur cinq propositions:

        1. « Dis-moi, tu t'es pas fais mal en tombant du ciel? »

        2. « Ton père c'est un voleur! Il a volé toutes les étoiles du ciel pour les mettre dans tes yeux! »

        3. « Mademoiselle, vous êtes en arrestation pour délit de beauté sur la voie publique! »

        4. « T'es parents sont des terroristes car tu es une vraie bombe atomique! »

        5. « Tu t'appelle biscotte non?! Parce que t'es vraiment craquante! »

          La rencontre est ainsi accomplie, il ne reste plus à la femme convoitée, que d'accéder, ou non, à la requête émise par son prétendant.

          C'est donc ainsi que se déroule les jeux amoureux dans le royaume de l'Absurdie et il est toujours quelque peu risible de subir, ou d'assister, à ce genre de démonstrations sentimentales. Je vous en laisse, par ailleurs, l'appréciation...


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          Dans mon pays lointain, les peurs s'accrochent aux hommes, apeurés et transis par l'angoisse et la crainte. Certains on peur du temps, de ses ravages infâmes qui laissent au passé la beauté d'une silhouette. Ils s'acharnent ainsi à bannir de leur vie toutes ces expressions qui font naître l'horreur, l'inlassable laideur, de quelques rides rieuses. D'autres craignent la foule et son rythme endiablé, son chant allant du rire à l'éclat rugissant, son mouvement fait de danses ou de courses fuyantes. Pour ne pas succomber à cette masse informe, ces gens se terrent chez eux, préférant la froideur d'une télé idiote, à la chaleur humaine de quelques inconnus. Il y a ceux également qui tremblent à la pensée d'inspirer l'air ambiant. Ils se nomment les masqués et déambulent ainsi, sans visage ni main, puisque leur corps entier est farder d'une armure qui se veut protectrice. Sous leur masque et leurs gants, personne ne saurai dire qui se cache, tremblant. D'autres encore, frissonnent à la moindre poussière qui vient choir sur leur sol. Les balais, les lingettes et les aérosols sont leur meilleurs alliés, même si leurs poumons n'ont pas ce même goût pour cette proximité. N'oublions pas bien sûr, les femmes filiformes qui s'affolent et s'alarment à la moindre rondeur. Jamais, ô grand jamais, vous ne pourriez saisir, dans quelques causeries, cette phrase incongrue à leurs esprits graciles: « j'ai faim! ».

          Voilà un aperçut des craintes de mon peuple certes, très rapide et succinct. Mais voyez-vous, le temps file, jamais il ne m'attend, et j'ai peur, à vrai dire, de ne pas le remplir ou qu'il s'échappe avant que mes envies ne meurent. Je vous laisse donc ici pour reprendre ma course dans la ronde infinie de l'aiguille perverse, qui s'acharne et s'entête à ne rien oublier, ne serai-ce qu'une seconde, une minute ou une heure.


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